Travail

Le monde du travail est sans doute le grand absent des films de famille. La caméra entre très rarement dans l'entreprise. Il y a bien sûr des exceptions, notamment dans le monde rural où la vie de famille et la vie professionnelle sont intimement liées. Les films passent des moissons aux communions, de la traite des vaches aux fêtes de village.
Dans le fonds d'archives de Cinéam, on observe un cas un peu similaire pour les familles qui tiennent un commerce : les rares images où apparaissent des personnes filmées dans leur activité professionnelle sont ceux de la famille Gilbert tenanciers du tabac-restaurant Le Chiquito à Brétigny-sur-Orge, ou ceux de la famille Perraudin, propriétaires d’une graineterie à Athis-Mons. La famille Duchêne qui a tenu pendant trois générations une des boulangeries d'Étampes, filme furtivement la boutique et les travaux d'aménagements du nouveau four. Là aussi, la vie professionnelle empiète sur la vie familiale, au niveau des horaires sans doute, du lieu - on habite souvent au dessus de la boutique - ou de l’investissement affectif. On est chez soi, on peut filmer librement, à la différence de Jean Haro qui explique qu'il avait caché la caméra pour prendre ses quelques prises de vues dans l’usine SKF à Ivry-sur-Seine où il est entré en apprentissage à l‘âge de 14 ans.
Autre exception, celle de cinéastes amateurs semi-professionnels, pratiquant souvent dans le cadre de clubs, qui ont réalisé des films dans une démarche documentaire sur les industries locales, l'artisanat…  C'est le cas de Louis Jacquin qui travaillait dans la section Photo-cinéma-d’amateurs de Fontainebleau et a notamment tourné dans les années 1950 un très beau film sur la sucrerie de Montereau. On y découvre toutes les étapes de la fabrication du sucre et les ouvriers dans les différents ateliers. Il a également réalisé un reportage sur la fabrication du journal Le Courrier avec les linotypistes de l’imprimerie d’Avon.