Agriculteurs à Bambey au Sénégal et en Ouganda
- RéalisationJean NOLLE
- Année1963
- FormatFilm 16 mm
- SonMuet
- ColorationCouleur
- Durée00:04:50
Titre original du film: “Bambey-Serere”
Bambey est une ville du Sénégal située dans la région de Diourbel, sur la voie ferrée qui mène de Dakar à Tambacounda.
Sujet du film:
Des agriculteurs testent des machines agricoles légères, innovantes et à traction animale.
Le film se passe au Sénégal à Bambey puis en Ouganda (non précisé).
Des enfants posent devant un monument célébrant l’indépendance de l’Ouganda portant la date du 9 octobre 1962.
Contexte:
Le réalisateur Jean Nolle (1918-1993) était ingénieur autodidacte, cinéaste amateur, photographe, écrivain.
Ses deux principales activités étaient l’agriculture et le cinéma. Ses machines agricoles lui valurent une renommée de Samoussy (Aisne) à la Casamance (Sénégal).
Lors de missions au sein de diverses organisations internationales, Jean Nolle fait le constat que les projets de développement et les outils proposés ne sont aucunement adaptés aux populations locales. Les projets profitent essentiellement aux plus riches, les outils nécessitent l'importation de matières premières coûteuses et ne sont pas adaptés aux femmes, car souvent trop lourds et peu maniables.
Il met au point des outils agricoles à traction animale innovants, qu’il appelle MAMATA - Machinisme Agricole Moderne A Traction Animale : ensemble d'outils, simples, complémentaires, polyvalents, auto-constructibles et réparables soi-même, qui sont toujours utilisés aujourd’hui y compris en France.
Il voyagera toute sa vie à travers les pays du sud pour en faire la promotion, avec pour principal but de libérer la petite paysannerie de l'emprise de la sphère marchande et des industriels.
Sa démarche très critique à l’égard de l'agriculture intensive et du machinisme agricole, s'inscrit dans un processus plus global de réappropriation des savoir-faire, des moyens de production et des conditions de vie.
L’évolution de son positionnement est très perceptible dans son cinéma. De films en films, à la fois les sujets filmés et son regard se transforment. De scènes typiquement coloniales dans Premier voyage en Afrique (1950), il adopte une démarche plus anthropologique dans 14 juillet à Sediou ou La mère et l’enfant (1956), ou, un peu plus tard, filmant un paysan sénégalais essayant l’une de ses machines, il se met d'emblée sur un pied d'égalité avec les colonisés et les agriculteurs. “ [ces machines] sont destinées aux petits paysans des pays les plus déshérités car je n'oublie pas que j'ai été un des leurs “ (Jean Nolle).
Aussi peut-on considérer que ses inventions agricoles servent à repenser le rapport aux colonisés, voire à annoncer l’indépendance des territoires.
Extraits de son livre:
“1950. Me voici en Casamance, engagé par la C.G.O.T. (Compagnie Générale des Oléagineux Tropicaux). Pendant quatre ans, je participe à la folie collective du moment : l’agriculture industrielle, je suis heureux de participer à ce que je crois être une solution d’avenir... pauvre imbécile !...
1954. Le S.E.M.A. me charge de prendre en main l’étude d’une nouvelle charrue à traction animale. Derrière les machines qu’on me demande de concevoir, je viens de découvrir ce que personne n’aperçoit encore : des petits paysans oubliés. Je vois d’un seul coup l’immensité de l’apostolat qui m’attend après mon rôle d’inventeur. C’est inimaginable, passionnant. Ma vie n’y suffira jamais.
1984. Pendant un quart de siècle mes machines se sont répandues dans le Tiers monde. Que nos sociétés occidentales en crèvent comme la grenouille de la fable, cela nous regarde. Mais nous n’avons pas le droit d’imposer notre économie du gaspillage aux pauvres du Tiers monde.”
Note technique: Film numérisé à la mauvaise cadence (effet ralenti)


